LA COURSE CAMARGUAISE

La course camarguaise fait partie de  traditions où le taureau n'est jamais tué (ce n'est pas la corrida), au contraire, les meilleurs finiront leurs jours tranquillement au pays (dans les pâtures) aux alentours de 20 ans. Une statue leur est parfois dédiée à l'entrée des villes, grâce au dons de leurs nombreux admirateurs, gagnant ainsi la vie éternelle.

La course se joue à plusieurs : Les tourneurs , les raseteurs , le taureau .

Le but pour les raseteurs, avec l'aide des tourneurs, est de récolter les attributs fixés sur la tête de la bête avec un crochet.

I) le taureau

C'est la star (son nom est écrit en grand sur les affiches), sa course se limite à 15 mn avec 1 ou 2 mn au départ afin que sa vue s'habitue à la lumière ambiante, qu'il prenne la mesure de la piste, trouve l'endroit qui lui sera le plus profitable.

Pour lui le jeu est sérieux : il n'hésitera pas à blesser (souvent) ni à tuer (plus rarement heureusement) les hommes dans l'arène (piste ou contre-piste).

Amis touristes restez dans les gradins.

Le taureau camarguais est plus athlétique et plus souple que son cousin espagnol, ses bannes (cornes) aussi sont différentes ; sauf accident, elles pointent vers le haut en forme de lyre même si d'autres formes sont possibles.

il y a 2 catégories :

•  Le taù  : taureau entier (étalon reproducteur : il y en a très peu par manade) il très musculeux, violent et dangereux même pour les spectateurs, car, sautant très haut quand il est neuf (sans expérience) il lui arrive de finir dans les gradins. Il deviendra biòu à un age qui varie suivant les manades (élevages).

•  Le biòu  : taureau bistourné (castré) moins massif que le taù, il constitue l'essentiel du bétail. Chaque année est décerné le Biòu d'Or qui récompense le meilleur animal de la saison.


Un taureau commence sa vie de cocardier vers l'âge de 3-4 ans avec des apprentis raseteurs qui le testent. On parle de taureau neuf (sans expérience) et de taureau jeune (avec peu d'expérience). Ceux, chez qui on décèlera des aptitudes seront conservés, ils apprendront tout au long de leur carrière (car le taureau est intelligent) qui durera environ une dizaine d'années. Si au début l'animal saute beaucoup (en contre piste) pour s'échapper, au fil des courses, il comprend ce qu'on attend de lui, pour finalement, dominer et ne plus subir en piste.

Sur leur tête sont fixés des bouts de ficelle (les attributs) qui rapportent des points à ceux qui, défiant ces montagnes de muscles, osent aller les chercher.


Il est à noter que si un taureau est « facile « il aura un nombre de tours de ficelle plus important, pouvant aller jusqu'à 30 tours.

Au moindre problème, blessure sur coup de barrière, coup de crochet maladroit., après avoir demandé l'avis du manadier (l'éleveur), il réintègrera son box au toril où l'attend un vétérinaire, et ce quelque soit le temps restant à faire en piste.

Il est à noter que la course camarguaise évolue toujours pour l'intérêt de tous: dernière modification en date le crochet qui devrait être moins " agressif " ou la limitation du nombre de raseteurs en fonction de la piste.


II) les raseteurs

Le temps où n'importe qui pouvait descendre en piste est révolu : il y a eu trop d'accidents. Pour devenir raseteur, et avoir l'honneur de revêtir la tenue blanche sur laquelle figurera dans le dos son nom en noir, il faut intégrer, jeune de préférence, une école qui permettra d'apprendre les rudiments sans, puis avec, des bêtes munies de protections sur les pointes (les emboulages). Mais cela n'évite pas les coups: l'apprentissage est rude.

Si l'élève est bon, il franchira les différents niveaux qui sont :

- Les courses de protection

- Le trophée de l'Avenir

- Le trophée des AS

Si ce sont les délégués de la fédération qui décident du passage en Avenir, pour l'accession au AS c'est le classement en fin de saison, par l'adition des points récoltés, qui le permet.

L'esprit de défis, le public qui pousse, l'adrénaline (ce qui ont raseté une vache comprendront), la passion (certains disent la folie), les points ne sont pas les seuls moteurs : il y a aussi de l'argent quand on rasete en pointes (cornes nues).

Pendant le quart d'heure où le biòu est en piste, les hommes essaient de lui enlever les attributs avec leur crochet suivant un ordre immuable :

1 - la cocarde

2 - les glands

3 - le frontal

4 - les ficelles

Pour chaque attribut il y a une prime qui augmente avec le temps, poussant les hommes à prendre de plus en plus de risques. L'attribut levé on repart depuis le début.

Les spectateurs payent des entrées qui permettent entre autres choses, ajouté à l'argent des sponsors, d'inviter les raseteurs, de payer les manadiers pour les taureaux, les primes des attributs et la cagnotte du vainqueur. Le reliquat, s'il y en a, sert généralement à financer d'autres festivités gratuites telles que les abrivades, ces manifestations étant aussi organisées par les clubs taurins. Il est à noter, aussi, que les raseteurs payent les tourneurs avec leurs primes.


III) les tourneurs

Ils sont reconnaissables car, même s'ils sont en blanc avec leur nom écrit en rouge dans le dos, ce sont d'anciens raseteurs qui doivent attirer l'attention du taureau sur eux (il y a des risques) pour permettre au raseteur de commencer son raset (hé oui, ça vient de là) avec le maximum de chances. Parfois cela ne suffit pas car le taureau anticipe la trajectoire de l'homme. Si l'enfermée est bien faite le raseteur sera en danger et devra rompre : le biòu restant seul maître en piste, dominateur.

L'appel du tourneur doit se faire suivant des règles : il ne doit utiliser que son corps et ne doit pas être en contre-piste ou enjamber les barrières.

Actuellement il peut y avoir un maximum de 6 tourneurs pour des courses particulières (grande finale par exemple pour une quinzaine de raseteurs) , 3 ou 4 est la norme. Seuls les meilleurs ont leur tourneur attitré qu'ils peuvent « partager » avec un autre, au cas par cas, au gré des différentes courses.

IV) le raset

C'est, avec le taureau, l'objet d'intérêt du spectateur, la raison pour laquelle il paie son entrée, alors il attend de beaux rasets, ceux qui laisse la chance à la bête de prouver ce qu'elle vaut ; car il y a raset et raset. En effet la colonne vertébrale des bovidés étant plus rigide que celle des chiens (c'est un exemple) une trajectoire particulièrement courbe ne laisse pas toutes ses chances au biòu. Un départ à l'arrêt avec une anticipation du taureau suivi d'une longue course, avec les pointes à quelques centimètres, se terminant par une envolée vers les tubes ou un coup de barrière, l'artiste perdant la moitié de son pantalon, sera toujours plus spectaculaire qu'un carreau assassin où le boucher qui n'honore pas la tenue qu'il porte prend à contre-pied la pauvre bête qui était en mouvement. C'est ainsi qu'il peut être conspué publiquement, traité d'assassin, de boucher, de Fernandel de la bouvine (c'est le Sud) même si on sait qu'il se rattrapera plus tard.

J'espère que ces explications auront atteint leur but : vous faire comprendre et vous donner envie d'assister à une course camarguaise. En y allant plusieurs fois, vous appréhenderez alors peut être, quelques subtilités, moins spectaculaires, mais toutes aussi belles qu'un coup de barrière que je vous laisse découvrir sur place.